ANNAPURNA ROUND DAY 5
Réveillé cette fois-ci par l'air glacial de la fin de nuit pénétrant irrésistiblement dans mon sac de couchage, comme pour me rappeler que nous sommes à l'entrée de l'hiver à plus de 2700m. Il est 5h30 du matin, je zippe un peu plus et tente de dormir davantage, en vain ! La journée s'annonce fraîche ;) accompagnée d'un dénivelé positif de 600m.
Nous déjeunons un traditionnel tibétain bread, bravons l'eau à 0-1 degré pour le brossage des dents, enfilons gants, bonnets et vêtements chauds, bref, la totale. Le départ est donné, 1 km plus loin, le soleil caressant nos arrières, nous retirons progressivement gants, bonnet, blouson, et même un peu plus tard nous retrousserons les pantalons. Non pas qu'il fasse chaud car les 5 degrés ne sont jamais dépassés, mais le soleil et l'effort sont de très bons facteurs à notre confort thermique.
Nous croisons régulièrement des troupeaux d'une dizaines de mules, certaines descendent sans charges, d'autres grimpent transportant des vivres et autres nécessités hivernales vers les villages plus élevés. Elles portent des couleurs vives, et leur démarche nonchalante fait doucement tinter la cloche arrimée à leur croupe. Il arrive que nous en suivions sur plusieurs centaines de mettre évitant au passage leurs besoins naturels, ou pas… ;) Le spectacle est ravissant.
Nous apercevons maintenant la limite des pins en montagne dont l'altitude a raison de leur capacité.
Au delà de 3000-3200m la roche nue est rarement recouverte par une sorte de mélange d'herbe et de mousse de couleur brun clair.
Plus haut la roche se recouvre de neige et glace éternel. Sur cette photo, vous pouvez apercevoir ce que les Népalais nomme la porte du paradis dont l'entrée est gardée par deux maisons, symbolisant deux gros chiens, un seul chemin escarpé y conduit.
Une fois un bon dal bat ingurgité, rechargeant du même coup nos propres batteries, une petite sieste n'est pas de refus. Le ciel est d'un bleu profond et le banc en bois chauffé d'une patience sans faille au soleil fera un parfait support. Cependant, je n'arrive pas à fermer l'oeil. Un spectacle magistral se déroule mélodieusement au dessus des montagnes et m'en empêche! Des aigles à tête blanche, dont l'envergure est impressionnante, passent de courants ascendants à descendants pour planer inlassablement dans ce ciel pur, dominant du même coup le relief taillé à la serpe qui nous sépare. Il s'agit sans doute de cette splendeur et de cette sensation surement incomparable dont les passionnés de "para" sont tombés amoureux. Comme je les comprends :)
Après cette non sieste très agréable, nous arpentons de nouveau les pentes raides de l'Annapurna, direction Upper Pisang, à 3300m. Nous n'avons pas beaucoup de temps de marche, seulement 1h30 environ, alors nous profitons du paysage en faisant régulièrement des pauses comme près de ce petit lac où trois canards à tête blanche barbotent tranquillement tandis que deux vaches broutent des brindilles, le tout observé par quelques corbeaux et rapaces. Seuls les bruits de la nature rompent le silence de l'Himalaya, c'est envoutant.
Un peu plus loin, nous nous arrêtons sur un petit pont de bois. Non, nous ne sommes pas à Avignon et nous n'entendons pas Yves Duteil ;) , en revanche, la pause photo est d'autant plus sympathique qu'un troupeau de mules redescend de la montagne :)
Arrivant proche de notre village-étape, c'est alors que nous l'apercevons, là, parfaitement incorporé aux pentes raides de ce flan adret, magnifique, Upper Pissang.
Kissan m'explique qu'il s'agit d'un des rares villages qui ne soit pas encore frappé de cette "tourismania" généralisée. Il est resté authentique ou presque, ne proposant que quelques auberge-hôtel à l'entrée.
Nous posons donc les sacs, deux petites photos des vues de la chambre avant de partir en visite.
En effet, ce village est tout ce qu'il y a de plus authentique, rien n'est aménagé pour le tourisme. En revanche tout est pensé pour l'agriculture, l'élevage, la construction et la fabrication de tout ce dont ils ont besoin, c'est remarquable.
De surcroit, surplombant le village, un monastère bouddhiste en activité me supplante. Ayant retiré mes chaussures je pénètre dans le temple et je suis comme happé par un profond respect. Trois moins sont assis là, sur des tapis, récitant à hautes voix des livres de prières, tandis qu'un autre, venant de finir son livre, le renferme soigneusement dans un tissu rouge, signifiant à coup sûr un rituel sacré. Même si je n'en comprends pas un mot je suis bercé par leurs paroles, subjugué par la beauté des décorations du monastère et du temple, transporté par un courant de méditation qui impose le respect.
Ressortant du temple, je suis comme vidé de tout stress, vidé de tout ce qui nous relie au temps. Je m'assois alors sur les marches du temple, remets mes chaussures et reste là, contemplant le paysage, sans penser, laissant simplement aller mon regard au hasard des montagnes, vallées et sommets enneigés somptueux qui se dressent devant moi, comme pour signifier un peu plus encore la puissance de cette si belle nature.
Avant de redescendre, je prends le temps d'observer les gravures du grand moulin à prière à l'entrée du monastère, qui après ce que je viens de ressentir, prennent un tout autre sens. Vous pouvez vous aussi tenter de déchiffrer le sens de chaque gravure… ;)
La soirée, comme guidée par ces moines sera d'un calme très reposant, discutant de cette nature si belle, si envoutante et si puissante.
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