Beijing, de Tian'anmen aux Hutongs
Pour vous conter la capitale de ce pays, qui compte tout de même 20 millions d'habitants, je vous propose de voyager de la cité interdite à la muraille de chine en passant par différents points d'intérêts, très nombreux dans cette mégalopole.
En route pour le centre ville. À la sortie du métro, le nom de la place me rappelle que la Chine traine dans son sillage un souvenir bien triste, si je vous dis Tian'anmen, vous voyez sans doute de quoi je veux parler. Il s'agit en effet de la place qui fait face à la cité interdite de Pékin et sur laquelle, le 4 juin 1989, des étudiants pacifiques furent délogés par des chars et des militaires armés ; attardons nous quelque peu.
Pour l'histoire, les jeunes étaient là depuis plusieurs jours et aidés des cheminots qui affrétèrent des trains gratuits, l'affluence ne cessait de croître pour atteindre 1 000 000 le 27 mai 1989. Les slogans “Respectez la loi que vous nous imposez”, “Médias libres” ou encore “La liberté ou la mort, les deux s'il le faut” fleurissent sur la place dans une ambiance entre woodstock et mai 68. Cependant, si le premier secrétaire du parti, Zhao Ziyang, ancien premier ministre est favorable aux négociations et prononce un beau discours en ce sens devant les étudiants en grève de la faim depuis une semaine, le premier Ministre qui l'accompagne, Li Peng, retourne sa veste dans la journée même et suit la ligne du chef de l'armée Deng Xiaoping, estimant que le discours n'était pas suffisamment autoritaire. L'ordre de loi martiale est donné sur le champ. Un haut gradé de l'armée s'y opposant est démis de ses fonctions et hospitalisé d'office pour « retrouver sa santé ». Huit autres généraux font part de leur opposition à cette loi en vain. La voix du porte-parole du gouvernement à travers les haut-parleurs de la place Tian'anmen annoncera aux étudiants la proclamation de cette loi martiale provoquant incompréhension et sentiment de révolte. Dans les jours qui suivent, les militaires affluent à Pékin et les autorités mettent de plus en plus sévèrement en garde les étudiants, d'autant plus que la Chine reçoit dans le même temps la visite historique de M.Gorbatchev. Ce sera justement au lendemain de son départ, dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 que l'ordre sera donné de faire cesser par la force cette manifestation ; les chars écraseront les opposants et les militaires tireront à vue dans la foule pacifique et désarmée, on compte des milliers de morts! Par la suite, quand ils ne sont pas exécutés, les dissidents sont envoyés en camp de “rééducation”, 10 000 d'entre eux réussiront à s'exiler juste à tant, notamment un quart à Paris.
Me voici donc sur une place qui témoigne d'un gouvernement Chinois qui ne tolère pas l'opposition et fait respecter ses lois même à l'encontre de toute liberté individuelle et surtout collective, par le feu et la terreur. II me semble essentiel de toujours garder certains exemples comme celui-ci à l'esprit et d'honorer en conséquence la liberté d'expression accordée dans de très nombreux pays par une utilisation à bon escient.
Sur cette place vous pouvez trouver différents monuments à la gloire de Mao qui y a aussi son Mausolée, mais aussi le drapeau officiel chinois, hissé chaque matin et replié chaque soir dans une cérémonie réglée au millimètre.
Une fois ce moment poignant “accepté” faute de choix ; oui, il est toujours implicitement interdit d'évoquer ce passage de l'histoire de Chine, surtout sur cette place ; je me dirige vers cette grande porte impressionnante, l'entrée sud de la cité interdite.
Cette cité, construite au XVème siècle était la résidence de l'empereur et régnait sur la ville puisqu'il était interdit de construire plus haut bâtiment. Elle est simplement immense, prés d'un kilomètre de long pour 750 mètres de large.
Impossible de la rater si l'on traverse le centre ville, rien que pour la contourner à pied il faut compter environ une heure. Le plan architectural correspond aux plans traditionnels d'une maison chinoise, tout étant aligné sur l'axe nord sud en respectant la symétrie centrale pour les constructions annexes.
Environ 20 000 serviteurs y travaillaient du temps des Ming, c'est vous dire s'il y a de la place.
La visite est un peu décevante car on ne peut rentrer dans les différents palais, cependant elle vaut le coup quand même rien que pour l'impressionnante structure d'ensemble de la cité, surtout vue depuis la colline de charbon qui la surplombe par le Nord :
En sortant de cette cité, et donc après une heure de marche pour retourner place Tian'Anmen, je me dirige au musée national de Chine, le deuxième plus grand musée au monde après l'ancienne résidence capétienne, notre actuel musée du Louvre! Ça fait du bien d'être chauvin un peu :)
Le musée consacre une exposition temporaire pour fêter le 50ème anniversaire du partenariat Franco-Chinois, nous avons donc le droit à une belle exposition de photos présidentielles de la cinquième république,
de photos des plus beaux monuments et paysages de chaque pays et enfin la voiture de Charles De Gaulle.
Le musée est immense et présente le même style d'oeuvres que celui de Shanghai, avec quelques parties réservées à vous savez qui...
Il se fait tard et très froid, moins 10 ; mais il parait que le quartier des Hutongs vaut le détour, alors direction le nord. Le mot hutong signifie ensemble de ruelles et passages étroits.
En effet, à l'époque la largeur était limitée à 9 mètres, ce qui fait tout un quartier de vieilles bâtisses traditionnelles absolument magnifiques, le quartier est juste incroyable dans une capitale aussi grande.
Aussi exceptionnel qu'il puisse être, dépêchez-vous si vous comptez le visiter car la modernisation démesurée qui touche la Chine en ce moment réduit en poussière ce patrimoine historique pour y construire des buildings. Impensable n'est pas chinois ;)
Je me balade donc au bord des lacs gelés qui jouxtent les ruelles, aux rythmes des musiques internationales qui émanent des différents restaurants, magasins ou disquaires jusqu'à entendre une musique rock n' roll! Je m'avance et découvre l'enseigne qui porte mes initiales, je me plonge donc avec plaisir dans ce petit bijou chinois et ressors avec un disque plein de musiques sur lesquelles j'ai hâte de danser. Comme quoi nous ne sommes jamais à l'abri d'une belle surprise dans ce pays. La nuit ce quartier est très vivant, encore un, et les nombreux stands vous permettent de mager dehors dans une ambiance très conviviale, mais très froide! Quelle idée de me rendre au nord de la Chine en hiver ?
Avec mes extrémités en mode picard je rentre à l'auberge par ces rues joliment décorées et à demain pour la suite ;)
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