À la découverte du monde... pédagogique :)

La route qui mène de la frontière laotienne à Kratie au Cambodge s'apparente plus à un chemin de terre quelque fois goudronné qu'à une route. Par conséquent, le trajet prévu de 2h durera 6h30 avec une arrivée de nuit dans cette ville qui borde la rive est du Mékong. Ce qui était prévu cet après midi sera fait demain, il faudra se lever tôt!

Et se lever tôt ici, signifie apprécier un lever de rideau de l'astre jaune sur une rive du Mékong, plutôt motivant non?

De nombreux itinéraires sont proposés pour des balades à vélo, j'opte donc pour ce type de transport économique et on ne peut plus agréable.

Après une traversée du fleuve sur une barque-ferry, je pédale sur l'île de Koh Trong, presque totalement préservée du tourisme.

Les maisons sont de belles demeures traditionnelles sur pilotis, où une petite pancarte en Cambodgien (Khmer) indique sur chacune d'elle l'année de construction.

Elles sont souvent accompagnées d'une charrette en bois, d'une réserve de foin et de son lot de chiens, poules, coqs, poussins, vaches,

ainsi que de nombreux enfants allant à l'école ou jouant ensemble.

D'ailleurs il est bien impossible de rester impassible aux incessants et adorables "Hello, what'is your name?" Criés dans un sourire, voire un fou rire généreux et sincère par la flopée de bambins que vous croisez. Parfois même ils courent vers vous et vous prennent dans leur bras!

Un arrêt inévitablement ordonné par votre coeur allégé, quelques échanges et ils repartent jouer ou à l'école ;

ils nous font ainsi don chaque instant d'un bonheur simple, libre et innocent, ce qui me rappelle une phrase de Bouddha lue dans un temple au Laos qui compare le bonheur à une bougie : "on peut allumer des dizaines d'autres bougies avec une seule sans en abréger la vie", au sens où l'on ne diminue pas le bonheur en le partageant.

Comme vous le présentez je prends du coup beaucoup de plaisir à me balader dans ce village traditionnel quand au détour d'un hello, je rencontre "Suong", un papy cambodgien fabricant un panier en bambou destiné à être porté sur la tête.

Il n'arrête pas de rigoler pour un oui pour un non sauf quand les nombreux enfants sont trop pressants autour de nous, il leur rappelle alors très vite qui est le patron d'un ton ferme.

Nous échangeons quelque peu et cette première rencontre me permet d'apprendre la prononciation Cambodgienne pour les principales situations. Par exemple pour dire bonjour c'est "Souô Sadaï", merci beaucoup se dit "or koun charan", et "Khniom tchmo Mathieu" vous aurez deviné ;)

Mon accent et mes écueils le font rire aux éclats ce qui nous vaut une belle tranche de vie! Il m'invite à m'asseoir à ses côtés et me propose de fumer sur sa cigarette roulée, ou plutôt sur un barreau de chaise maison! Je teste une fois par politesse et malgré une saveur très parfumée et agréable, la quantité de tabac est un peu trop conséquente pour ma gorge d'européen. Il m'explique alors comment il travaille, c'est passionnant!

Il ne faut qu'un bout de bambou mi-sec et du fil de pêche pour réaliser ce panier extrêmement solide! Il fabrique ses propres outils avec les matériaux locaux comme ce pic fait avec un clou et une pièce de bois.

Nous sommes bien loin des standards occidentaux et pourtant la qualité y est bien plus grande, sans parler du côté humain que véhicule cet artisanat.

Dommage que ces savoirs-faire soient entraînés par une poignée de financiers dans une spirale de l'oubli sous un prétexte à l'égoïste profit. Bref, je suis sur le point de partir, mais les enfants ne sont pas de cet avis, me voyant me lever, ils courent vers moi et me tiennent la main, ils veulent être pris en photo... Un voeu exaucer avec grand plaisir et pour le bonheur de tous.

Sur leurs visages transparait une joie de vivre incroyable sans nul doute transmise par les générations précédentes ayant connu la guerre et les bien trop nombreux bombardements! Il faut savoir que c'est l'un des pays au monde les plus bombardés et qui plus est, était encore il y a peu de temps truffé de mines anti personnelles dont le but était de mutiler. Les spécialistes tendent à s'accorder sur le nombre impressionnant de 10 à 12 millions de mines disposée en 15 ans de guérilla "Khmer rouge" puis par le gouvernement en guise de riposte... Bravo ! En conséquence, ce pays détient le triste record en terme de pourcentage de personnes amputées ou handicapées et les chiffres ne sont malheureusement pas arrêtés car si les gros sites touristiques et les villes ont été déminés, les campagnes et notamment celles proches des frontières sont encore très dangereuses et font chaque année d'infortunes victimes. Promis, je ferai donc attention de ne pas sortir des sentiers battus au Cambodge!

Après ce long échange passionnant avec Suong, je continue ma ballade sur cette Île car tout au bout se trouve un village flottant constitué de quelques maisons qui se déplacent au grès des pluies et de la hauteur des eaux sur le Mékong. Voici donc un autre habitat possible, pour le coup totalement en adéquation avec la nature et pas seulement adapté.

Pour ma part il est temps de retourner sur la terre ferme pour une longue balade le long du Mékong me menant de villages en villages aux rapides de Kampi.

Un mélange de vie traditionnelle et moderne jonche la route principale toujours dans une gaité au partage sans limite. Arrivé aux rapides je découvre toute une installation en bois aménagée de hamacs, tapis et coussins pour être à son aise le temps d'une pause fraicheur.

Les cambodgiens y viennent pic niquer en famille puis se prélassent dans les eaux peu profondes mais puissantes de Kampi, je les copie pour un véritable moment de farniente!

Comme il fait nuit assez tôt au Cambodge, qu'il est déjà 15h30 et que les 16km pour rentrer ne se feront pas tout seuls, je dois redécoller de cette escapade reposante surtout si je veux profiter de quelques points de vue sur le Mékong au retour! Aller, il est temps de quitter ces hamacs :-/

Après à peine un peu plus d'un km plus tard je m'arrête avec les trois anglais qui m'accompagnent aujourd'hui à l'endroit d'où l'on peut observer les dauphins d'eau douce. L'ayant déjà fait au Laos, je prends bien volontiers une pause en les attendant avec une vue incroyable sur la "piscine" des Dauphins.

L' endroit est paisible, calme reposant, exactement ce qu'il me fallait avant d'affronter les derniers 15km sur ce vélo dont mon coccyx ne supporte plus la selle!

Cependant, le retour entre les champs de culture sera composé d'une nouvelle et dernière pause, cette fois-ci pour observer le soleil rougir puis disparaître derrière l'horizon, quel spectacle!

A demain ;)