À la découverte du monde... pédagogique :)

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Le Népal ou l'économie vitale

Kathmandu

Mathieu

18 novembre 2013

 

Le Népal ou l’économie vitale.

 

Le Népal est un pays pauvre, nous le savons puisque nous percevons la pauvreté avec nos yeux d’occidentaux, formatés à coup de microsoft, apple, google, news and news papers. Cependant, nous sommes loin d’être en capacité de nous représenter, sans le vécu qui convient, comment se vit le Népal tel qu’il est vraiment.

 

Je suis hébergé à Thamel, dans le centre de Kathmandu, quartier populaire, très vivant, un des plus riches des quartiers populaire de la capitale. Le clivage avec les riches est considérable et ne se mesure pas en voiture ou en console de jeu mais en réel niveau de vie. Les riches sont très peu nombreux et possèdent plus de services et confort que les classes moyennes françaises, voiture avec chauffeur, eau chande courante, chauffage et climatisation, cuisinier, femme de ménage, gardienne pour les enfants, le tout à plein temps. La classe suivante possède simplement l’accès à l’eau courante, parfois chauffée, ils sont également en minorité. Vient alors la classe dans laquelle se situe mon hôte, Yam, et la grande majorité des Népalais qui possèdent un toit et l’électricité.  Je vais vous conter mes premiers pas dans ce monde que l’on côtoie trop souvent sans ce soucier de leurs réelles conditions de vie.

Le premier jour, ils ont tout fait pour moi, très chaleureux, très accueillants, me facilitant tous mes besoins sans que je les demande, et oui eux aussi ont google. Le soir du premier jour, j’ai donc décidé de leur dire en Népalais que j’appréciais énormément leur accueil généreux mais que désormais j’allais vivre à la népalaise car je souhaitais véritablement partager avec eux leur quotidien! Je plaisante, je leur ai dit en anglais, la barrière de la langue étant si grande… Nous avons beaucoup ri ensemble, dans nos têtes se bousculaient nos idées reçues. Nous avons beaucoup discuté ce soir là et une barrière est tombé, la plus importante, celle des représentations. Nous allons nous coucher car il est tard, 22 heures, mais cette fois ci, nous sommes 5 dans 8m2, je dors sur un tapis, le petit dans les bras de sa maman sur le lit, les deux soeurs sur un tapis de mousse de camping coupé en deux dans la longueur, les jambes sur le lino re-scotché ça et là, preuve du temps qui passe. Nous gardons les vêtements du jour pour ne pas avoir froid car la fenêtre ne ferme pas.

6h du matin, le temple du rez de chaussée nous réveille avec la musique habituelle, très agréable et très douce. La pièce s’agite progressivement, quelques pleurs du petit, vite consolé. Un mot de la maman et tous se brossent les dents, il faut un peu d’autorité mais cette tâche s’exécute finalement. Un gobelet d’eau pour se rincer et nous allons cracher sur le palier dans le seau prévu à cet effet, pour ma part, j’utilise ma bouteille d’eau minérale car les bactéries locales n’aiment pas les estomacs d’occidentaux. Vivre à la népalaise, oui, mais quelques risques s’avèrent inutiles. Les Népalais crache beaucoup, souvent ils font ce que ma mère m’empêchait de faire petit, renifler très fort par le nez provoquant se ronflement nasal assez disgracieux, puis cracher puissamment le tout au sol à l’extérieur ou dans ce seau. Je vous avoue que je n’ai pas fait tombé encore toutes les barrières, celles de mon éducation de 32ans d’âge étant plus résistante que les autres. Chacun passe à son tour à la pièce d’eau du palier dans laquelle jadis il y eut de l’eau courante, un vestige de pommeau de douche pointe le bout de sa poire en haut du mur jaunit pour en témoigner. Mon dos d’occidental « épéda » se réveille moins vite que la petite famille, je l’aide par quelques étirements tel un félin sortant de sa sieste au soleil. Je profite de la musique, regardant le soleil caresser doucement et progressivement les façades attenantes, il fait environ dix degrés, la saison est très agréable, une femme étant son linge sur sa terrasse déjà ensoleillée, tandis que quelques hommes passent en bas de la ruelle, habillés pour aller  prier puis travailler.

 

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C’est mon tour. Je prends mes vêtements propres, ma trousse de toilette, je me remplis quelques litres d’eau pour la toilette dans un grand seau rouge, je prends l’écope et vais donc avec mes claquettes dans la pièce d’eau. Cette pièce fait n’est pas plus grande qu’un WC, le sol est à la mode turc et il est préférable de faire le nécessaire avant de commencer la toilette, je vous expliquerai plus tard pourquoi…

On vide une écope au sol pour le laver avant de s’y mettre pieds nus, ce premier contact avec l’eau me fait déjà frémir l’épiderme tant elle me parait glaciale. Je branche mon rasoir à la prise murale et retire l’épaisseur de barbe qui traduit mes 3 premiers jours. Je retire mes vêtements, le moment est fatidique, l’eau devra inexorablement venir se réchauffer auprès de ma peau qui a eu tant de mal à se maintenir à ce niveau de confort dans les courants d’air frais de cette nuit. Ma chère de poule confirme la température de l’eau à moins de 10 degrés, je vide trois écopes afin de mouiller mon corps de haut en bas, le plus dur est passé. Je savonne bien en commençant par le visage et me rince avec trois autres écopes. Je prends ma serviette et m’aperçois que j’ai quelques adaptations à faire pour demain, comme ne pas garder mes tongues au sol pour avoir les pieds au sec en sortant de la pièce d’eau… Je souris et me résigne à m’habi

ller les pieds mouillés. J’ai fini ma toilette, je reverse l’eau propre du seau rouge dans le bac bleu refermé d’un grand couvercle pour ne pas risquer que quelques détritus viennent impurifier ce précieux élément. Je retourne dans la pièce de vie, les regards accompagnés de grands sourires se tournent vite vers moi, les mains viennent cacher quelques bouches en remontant légèrement les épaules par pudeur ou timidité, leurs yeux pétillent, quelques mots chuchotés en Népalais… la douche ça c’est fait!

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Je sèche mes pieds, la maman me montre alors comment mettre mes claquettes à l’abri, ils utilisent tous une paire de tongue commune dédiée au bain qui reste tout le temps dans la pièce d’eau. Demain je mettrai donc mes pieds en 45 sur ces claquettes en 40.

Quand le bac d’eau bleu sera vide, j’irai le remplir par des allers retours, 20 litres par 20 litres du 4 ème étage, ai-je vraiment besoin de préciser cette phrase type d’agent immobilier : « sans ascenseur » ?

Un thé noir sucré accompagné de petits biscuits m’attendent sur la table basse, la cuisine est le lieu le plus pur de la maison dans lequel on ne peut pénétrer sans y avoir été convié, si d’autres barrières tombent, qui sais, j’y serai peut être invité.

 

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Il est 7h, la musique du temple qui remercie les dieux pour cette nouvelle journée qu’ils offrent aux Népalais retentit toujours. Exceptionnellement, les enfants ne vont pas à l’école aujourd’hui car il y a 3 jours accordés aux Népalais pour les élections Nationales, ils sauront demain qui est leur nouveau président. Cependant, ils sont déjà avec leur cahier de leçons qu’ils récitent par coeur, plein de bonnes volontés. Dans quelques heures, nous irons tous au temple, ils souhaitent me montrer ce qu’il font presque tous les jours, j’ai hâte.



18/11/2013
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